"Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent et laissent faire !" Albert Einstein

Comment devenir tueur en ligne


Rien n'est plus simple que d'obtenir des autorités le certificat de décès d'une personne bien vivante. Un problème majeur, selon un expert de la sécurité.



L'écrivain américain Mark Twain l'avait bien compris : "L'annonce de ma mort est grandement exagérée." C'est vrai plus que jamais à l'heure d'internet, où les hackers sont passés maîtres dans l'art de faire passer pour mort quelqu'un de bien vivant. Lors du salon "Def Con" qui se tient à Las Vegas, on peut apprendre à devenir "tueur en ligne". "C'est un problème mondial", souligne le spécialiste australien de sécurité informatique, Chris Rock, en présentant un atelier intitulé tout simplement "Je vais vous tuer".

Le but est d'arriver à ce qu'une personne devienne officiellement morte en obtenant des autorités un certificat de décès. Cela implique qu'un docteur remplisse un formulaire et une entreprise de pompes funèbres un autre, selon Chris Rock. Une fois que ces documents sont fournis en ligne, un certificat de décès peut être obtenu. Mais il est facile de se faire passer pour un docteur ou une entreprise de pompes funèbres, comme il le démontre à son auditoire captivé. Un apprenti "assassin" peut facilement emprunter l'identité d'un docteur grâce à son seul nom, son adresse et son numéro de licence, tous des éléments aisément disponibles sur internet. Ensuite, grâce à des registres également disponibles en ligne, il est facile d'inventer une cause du décès en utilisant un langage et des références médicales appropriés tout en prenant bien soin d'éviter des termes ou des détails qui pourraient éveiller les soupçons des autorités et justifier une autopsie.

Tuer qui vous voulez

La deuxième étape consiste à "emprunter" l'identité d'un responsable d'une entreprise de pompes funèbres pour établir un certificat de décès. Chris Rock démontre également que ce n'est guère compliqué. Là encore, toutes les informations sont disponibles sur la Toile et il est tout aussi facile de se revendiquer soi-même employé de l'entreprise pour l'occasion. L'expert australien a même créé un site internet pour une entreprise de pompes funèbres inventée de toutes pièces et qui lui permet d'obtenir le certificat nécessaire. Une fois toutes ces procédures accomplies, n'importe qui peut se retrouver "officiellement" mort. "Vous pouvez tuer qui vous voulez, affirme Chris Rock à l'AFP à l'issue de sa présentation. Personne n'est épargné."

Il décrit ensuite avec humour plusieurs scénarios dont l'un permet même de se tuer soi-même pour obtenir la prime d'une assurance-décès ou se venger de quelqu'un. Certaines "victimes" pourront même ignorer pendant longtemps qu'elles sont mortes jusqu'à ce qu'elles soient confrontées à cette tragique réalité en effectuant une démarche administrative comme le renouvellement d'un passeport ou l'obtention d'un permis de conduire. Chris Rock s'est intéressé au sujet après qu'un hôpital australien eut, par erreur, déclaré pour morts 200 patients.

Fausse naissance

Comme la "fausse mort", la "fausse naissance" est tout aussi possible. Obtenir un certificat de naissance est encore plus facile qu'un certificat de décès car cela n'implique que la participation d'un obstétricien et des parents. "Une fois que vous vous êtes identifié en ligne comme un docteur, non seulement vous pouvez tuer qui vous voulez mais vous pouvez aussi faire naître tous les bébés que vous souhaitez", ironise-t-il. Le temps que ces bébés virtuels atteignent l'âge adulte, les hackers auront pu les utiliser pour obtenir des prêts, des allocations familiales, voire ouvrir des comptes en banque. "Vous pourriez même créer des identités en ligne pour vos enfants et ils choisiront celle qu'ils veulent garder à leur majorité", affirme Chris Rock.

Il a d'ailleurs écrit un livre dont le titre est "La moisson des bébés : Comment les bébés virtuels sont l'avenir du financement du terrorisme et du blanchiment d'argent".