"Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent et laissent faire !" Albert Einstein

«Si Léonard de Vinci revenait, il se servirait de nos logiciels!»


Concrétiser son imaginaire, explorer des fosses sous-marines ou participer à sauver des vies, la 3D n’est pas que du cinéma. Dassault Systèmes innove. Reportage.

Entrer dans une chambre de réalité immersive, c’est presque pénétrer le secret des dieux. Face à un écran, marchant sur un autre, bordé par un troisième et équipée de lunettes polarisées 3D, je plonge littéralement dans un univers que je n’aurais jamais rêvé explorer: je suis sous l’eau, à plus de 90 mètres de profondeur et j’observe l’épave de «La Lune», vaisseau amiral du Roi-Soleil, abîmé en mer en 1664 au large de Toulon. Marchant sur le sable virtuel, j’imagine avec un frisson que, sous mes pieds, gisent les quelque mille hommes d’équipage qui se trouvaient à bord. Au-dessus de moi, un scaphandrier étudie la scène…

Invitée à participer à quelques «expériences» de réalité virtuelle chez Dassault Systèmes, près de Paris, je me suis immergée dans différents mondes. Le principe d’immersion consistant à replacer virtuellement un sujet dans un environnement, en recréant artificiellement les stimuli générés par ce même environnement dans la réalité. J’ai pu ainsi examiner, puis entrer dans une voiture test, survoler Paris et voir la construction de Notre-Dame au Moyen Age, me glisser dans une grotte pour examiner des dessins préhistoriques exceptionnels, participer à la capture et au remorquage d’un iceberg en direction des côtes africaines et même entrer dans un tableau de Gauguin!





La 3D sans lunettes


Dans un avenir relativement proche, chacun devrait pouvoir en faire de même confortablement installé dans son salon grâce à des écrans auto stéréoscopiques avec un type de représentation d’image en relief ne nécessitant aucun dispositif complémentaire pour restituer l’effet tridimensionnel, donc pas de lunettes.

«Nous sommes des explorateurs de l’impossible dans différents domaines, explique Mehdi Tayoubi, vice-président de Dassault Systèmes, en charge de la stratégie digitale. Filiale de la Société des avions Dassault depuis 1981, l’entreprise est désormais totalement indépendante. Leader dans les logiciels de conception en 3D, de maquettes numériques 3D et de solutions pour la gestion du cycle de vie d’un produit, elle compte aujourd’hui quelque 150'000 clients dans le monde. Du constructeur automobile voulant tester ses voitures (route, résistance des matériaux, chaîne de fabrication, etc.) à des architectes comme Frank Ghery, en passant par des laboratoires médicaux ou des constructeurs de bateaux, comme celui qui a réalisé le monocoque de François Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2012.

«Aujourd’hui on s’intéresse à la culture, l’éducation et la recherche fondamentale, souligne Mehdi Tayoubi. On prend les technologies à disposition grâce à l’industrie et on les transpose dans d’autres univers. A contrario, on se rend compte que l’ingénierie de projets culturels ou de recherche est aussi une manière d’enrichir l’innovation, notamment industrielle.»

Pour cet autodidacte avide de connaissances diverses, la 3D est en quelque sorte une manière de vivre la Renaissance du XXIe siècle. «Si Léonard de Vinci revenait aujourd’hui il se servirait de nos logiciels, mais il ne pourrait inventer que de la manière collective et sociétale. La 3D est interdisciplinaire. Elle participe du crowdsourcing (en français, collaboration ou externalisation ouverte).»



Beaucoup plus rapide


Ce domaine émergent de la gestion des connaissances et de l’utilisation de la créativité, de l’intelligence et du savoir-faire d’un grand nombre de personnes (consommateurs) aide notamment à résoudre des problématiques industrielles de manière beaucoup plus rapide.

La pyramide de Khéops


Ce qui intéresse vraiment Mehdi Tayoubi, c’est le programme Passion for Innovation. Lancé en 2005, il part du principe que les idées brillantes ne manquent pas, mais que faute de moyens, elles ne se réalisent pas. Il faut donc aider gratuitement des particuliers ou des organisations à but non lucratif à les concrétiser à l’aide de solutions 3D. Ainsi lorsque l’architecte Jean-Pierre Houdin, qui depuis huit ans consacrait sa vie à l’élaboration d’une théorie scientifique révolutionnaire capable d’expliquer la construction de la pyramide de Khéops, rencontra les équipes de Dassault Systèmes, il devint évident que le programme Passion for Innovation allait prendre toute sa dimension. Avec un documentaire passionnant à la clé diffusé à la télévision et une solution utilisée par l’Université d’Harvard.

Et Mehdi Tayoubi de conclure: «Aujourd’hui, une voiture ou un avion sont composés de millions de petites pièces hyper complexes que nous sommes parvenus à modéliser. On peut appliquer la même logique sur le corps humain et créer des cellules virtuelles sur lesquelles on va appliquer des thérapies virtuelles. Nous avons modélisé le monde inerte, pourquoi pas aujourd’hui s’essayer au vivant et inventer des nouvelles manières de soigner?»

> «Paris, la ville à remonter le temps», Flammarion, 2012. Un livre à la réalité augmentée + un développement 3D. > Jean-Pierre Houdin et The Iceberg Project, «Khufu Reborn». DVD Passion for Innovation.

> www.3ds.com

«M. et Mme Rêve» en 3D


Avec «M. et Mme Rêve» imaginé et dansé par l’ex-danseuse étoile Marie-Claude Pietragalla et son complice et compagnon de vie Julien Derouault, la danse et la haute technologie se rencontrent sur scène dans un époustouflant décor en 3D. Inspiré par Eugène Ionesco, le spectacle évolue dans un univers surréaliste, reproduction de l’imaginaire débridé des deux artistes: des fenêtres qui s’ouvrent sur des paysages mouvants où les saisons défilent. Des centaines de boules de papier chiffonné qui se transforment en lettres et en mots volants. Une foule qui marche. Des dizaines de rhinocéros qui dansent sur scène. Après «Marco Polo» et son décor en images d’animation 2D, la Compagnie Pietragalla - Derouault innove en s’associant avec Dassault Systèmes. Et si la danse elle-même perd parfois de son sens et de sa magie, écrasée par la réalité virtuelle tridimensionnelle, complètement immergée dans le décor virtuel et interactif, l’expérience visuelle et artistique globale reste fascinante.

 La Tour-de-Trême, CO2, ce samedi 16 mars, 20 h 30.
 Morges, Beausobre, 19 mars, 20h.
 Genève, Théâtre du Léman, 21 et 22 mars, 20h30.




L’expérience de l’accouchement

BornToBeAlive propose aux femmes enceintes et à leurs proches de se familiariser avec l’accouchement et d’apprendre les bons réflexes à adopter le jour J grâce à une simulation 3D à découvrir en ligne.

Chaque année, plus de 75 millions de naissances sont enregistrées dans le monde, 800000 en France et 81000 en Suisse, en 2012. Autant de mères, souvent futures primipares, qui pendant plusieurs mois s’interrogent et parfois s’angoissent à propos de la nouvelle expérience qu’elles vont devoir assumer.

BornToBeAlive répond aux questions qu’elles peuvent se poser sur le processus de l’arrivée d’un enfant avec une expérience 3D immersive et interactive par internet, un complément aux conseils du personnel soignant.

Elle a été conçue par iLumens, le Laboratoire de l’Université Paris Descartes et Dassault Systèmes.

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Quatre minutes pour sauver une vie

Un arrêt cardiaque entraîne 300'000 décès annuels aux Etats-Unis, 40'000 en France et 8000 à 10'000 décès par année en Suisse. Le taux de survie après un tel accident du cœur est en général de 5%. Chacun peut pourtant se préparer à intervenir et participer à sauver des vies en s’entraînant régulièrement grâce à l’expérience interactive StayingAlive en ligne.

Jouant le rôle d’un témoin, vous avez quatre minutes pour réagir, appeler les services d'urgence, effectuer un massage cardiaque et utiliser un défibrillateur.

A Seattle, grâce à une formation de base enseignée à l'école et à l’installation massive de défibrillateurs dans les lieux publics, près de 30% des personnes ayant subi un arrêt cardiaque ont pu être sauvées. Les crises cardiaques se produisent principalement à la maison ou au travail, ce qui signifie que tout le monde (y compris les enfants) a besoin d’être formé.




Corinne Jaquiéry