"Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent et laissent faire !" Albert Einstein

Facebook : Big Brother a encore frappé

Graph Search, le nouvel outil de recherche "intelligente" de Facebook, déjà déployé aux États-Unis, commence à s'installer en France. Les possibilités sont aussi inouïes qu'inquiétantes.

Qui sont les hommes mariés à Toulouse aimant les sites de rencontre ? À quoi ressemblent les jeunes femmes célibataires qui habitent Bruxelles ? Combien y a-t-il de sympathisants FN près de chez moi ? À ces questions, et à bien d'autres encore, Facebook pourra vous donner une réponse. En un clic.

Graph Search, le nouveau moteur de recherche de Facebook, permettra aux utilisateurs de faire une recherche par mots-clés et de faire des listes de profils grâce à des requêtes beaucoup plus complexes dans leur barre de recherche. Concrètement, si vous avez indiqué sur votre profil votre sexe, votre âge, votre orientation sexuelle, votre ville, votre religion ou vos opinions politiques et que ces informations sont définies comme publiques (c'est-à-dire librement consultables par l'ensemble des utilisateurs, ce qui est le paramétrage par défaut), vous êtes susceptible d'apparaître dans les résultats des recherches ultra-sophistiquées permises par ce nouvel outil du Big Brother en ligne.

Tout ce qui définit l'identité publique d'un utilisateur (ce qui comprend par ailleurs les pages qu'il "aime") sera instrumentalisé dans le cadre de Graph Search. Une quantité colossale d'informations, et un moteur de recherche capable de les recouper pour former des listes à caractère presque clinique. Cela donne lieu parfois à des résultats déconcertants. C'est ce que démontrent les recherches du blogueur américain Tom Scott, qui a utilisé Graph Search pour rechercher la liste des hommes homosexuels à Téhéran ou des membres de la famille de personnes vivant en Chine et aimant le Falun Gong (un mouvement spirituel chinois qui fait l'objet d'une répression gouvernementale).


Hommes musulmans qui aiment les hommes et qui habitent Téhéran" et "leurs lieux de travail"



Une identité publique difficile à contrôler

Dans les prochaines semaines, le déploiement de Graph Search va s'accélérer davantage à travers une application mobile. Mark Zuckerberg affirme dans une vidéo qu'il s'agit du "troisième pilier de Facebook". Après le journal et le fil d'actualité, voici le troisième moyen pour obtenir des informations sur les utilisateurs du réseau social. Beaucoup y voient une nouvelle intrusion dans leur vie privée, c'est pourquoi Facebook anticipe la fronde et envoie à tous ses utilisateurs, peu à peu, des notifications indiquant les changements récents dans le système de recherche du réseau : "Il est maintenant plus facile pour les utilisateurs de trouver des photos et autres contenus que vous avez partagés avec eux", avertit Facebook.


Capture d'écran de la notification Facebook


Comme toute modification mise en place par le réseau social, elle exige une mise à jour de ses paramètres de confidentialité. Mais un point sensible demeure avec Graph Search : les photos. En effet, il y a deux types de photos sur Facebook : celles qu'un utilisateur publie lui-même et donc sur lesquelles il conserve tous les pouvoirs (les rendre privées, les supprimer, etc.) et celles qui sont publiées par d'autres. Dans ce dernier cas, notre identité publique dépend des choix de confidentialité faits par la personne ayant publié la photo. Autrement dit, à partir du moment où un utilisateur est identifié sur une photo et que cette photo est en accès libre, elle pourra potentiellement apparaître sur Graph Search.